L’histoire des eaux pluviales
Que se passe-t-il lorsqu’il pleut?
Dans la nature, la majeure partie des eaux de pluie s’infiltre dans le sol, est absorbée par la végétation et s’évapore par les feuillages. Très peu d’eau s’écoule directement vers les ruisseaux et les lacs. Dans les villes, les surfaces dures prolifèrent : édifices, routes, et terrains de stationnement. Elles interrompent le cycle naturel de l’eau et empêchent l’infiltration. En conséquent, plus de la moitié des eaux pluviales deviennent des eaux de ruissellement.
Le ruissellement des eaux pluviales est un problème sérieux, et de plus en plus grave, dans les zones urbaines canadiennes, causant inondations, érosion, et autres impacts dévastateurs. Le changement climatique empire les choses en augmentant la fréquence des averses de pluie d’intensité modérée à extrême. Les inondations graves deviennent «la nouvelle normalité ».
Les dégâts matériels causés par la tempête du 8 juillet 2013 à Toronto se sont élevés à plus de 850 millions de dollars. Dans le sud albertain, les indemnités d’assurance se sont chiffrées à plus de 1,7 milliards de dollars après la tempête de juin 2013. Au cours des six dernières années, les réclamations d’assurance liées aux inondations, provenant de partout au Canada, ont dépassé le milliard de dollars.
Les eaux pluviales sont aussi devenues l’une des principales causes de la mauvaise qualité de l’eau. En ruisselant sur les surfaces imperméables, la pluie capte des nutriments tels qu’engrais, excréments animaux, huiles, métaux lourds, sels de voirie et de déglaçage, mégots de cigarette, et bien d’autres choses encore. Ces polluants sont transportés, non traités, dans les rivières et les lacs où ils compromettent les écosystèmes aquatiques, les activités récréatives comme la natation, et les sources d’eau potable en aval.
Gestion conventionnelle des eaux pluviales
Historiquement, les municipalités ont géré les eaux pluviales en les évacuant le plus rapidement possible par l’entremise de réseaux de drainage souterrains. Cette façon de faire a pour conséquence que, lorsqu’il pleut, les ruisseaux et les rivières ne deviennent plus guère que des égouts pluviaux à ciel ouvert.
À partir des années 80, des bassins d’eaux pluviales ont été incorporés aux nouveaux lotissements urbains pour gérer l’augmentation des débits de pointe et éliminer les matières en suspension. Nous savons maintenant que la gestion des eaux pluviales conventionnelle est un échec sur un certain nombre de fronts:
- Traitement inadéquat : les bassins deviennent parfois une source de nutriments pour les plans d’eau;
- Aucune réduction des quantités d’eaux pluviales, ce qui augmente la pression exercée sur les cours d’eau;
- frais d’entretien élevés des bassins, dont les performances se détériorent au fil du temps alors qu’ils se remplissent de sédiments.
Dans les lotissements plus anciens de certaines collectivités, où l’on trouve encore des égouts unitaires (eaux usées et eaux pluviales), de fortes pluies peuvent entraîner des refoulements d’égouts sanitaires dans les sous-sols, et le rejet d’eaux usées brutes (dit « débordements d’égouts unitaires ») dans les cours d’eau. Entre 2011 et 2013, la ville de Toronto a déversé plus de 12 milliards de litres d’eaux usées brutes dans le lac Ontario.
Gérer la pluie « là où elle tombe »
Une ère nouvelle s’annonce en matière de gestion des eaux pluviales: la gestion de la pluie « là où elle tombe », avant qu’elle ne se transforme en eaux de ruissellement.
Des mesures connues sous le nom de « techniques d’aménagement de moindre impact», ou infrastructures vertes, contribuent à restaurer le cycle urbain de l’eau et à réduire les volumes d’eaux de ruissellement grâce à l’infiltration, à l’amélioration de la forêt urbaine, et à la collecte et la réutilisation de l’eau de pluie.
L’objectif est de faire assumer aux villes des fonctions similaires à celles d’une forêt : infiltration de l’eau de pluie et stockage, en sécurité, dans la nappe d’eau souterraine en vue d’une utilisation future. Un aquifère réapprovisionné maintient également le débit de base des rivières pendant les périodes de sécheresse.
Les composantes des infrastructures vertes comprennent : les jardins de pluie, le pavage perméable (poreux), les rigoles de biofiltration, la forêt urbaine, les toits verts, les galeries d’infiltration, les barils de pluie et les citernes. Au lieu de bassins d’eaux pluviales (étangs), une vieille idée refait surface: les bassins de retenue (dits « secs ») (p. ex. dans les parcs et les terrains de jeux), capables de contenir les eaux de ruissellement lors de fortes pluies.
Changer le paysage
On considère de plus en plus la gestion de la pluie « là où elle tombe » au moyen d’infrastructures vertes comme étant plus efficace pour atteindre des objectifs de qualité et de quantité d’eau. Et ce, à un coût du cycle de vie moindre que celui des infrastructures conventionnelles « grises » à elles seules. Apprenez-en plus sur les avantages de la gestion de la pluie « là où elle tombe ».
La plupart des provinces ont des politiques provinciales qui appuient les infrastructures vertes de gestion des eaux pluviales. À témoin, l’énoncé de politiques sur l’aménagement des terres du gouvernement de l’Ontario, l’Accord Canada-Ontario concernant la qualité de l’eau des Grands Lacs, et un récent bulletin précisant les attentes en matière de gestion des eaux pluviales. La province appuie sans réserve la réduction des volumes d’eaux pluviales au moyen des contrôles à la source.
C’est avec fierté que Green Communities Canada contribue à changer la façon dont les eaux pluviales sont gérées par l’entremise de son programme RAIN Community Solutions qui travaille avec les propriétaires privés, les municipalités et les groupes communautaires à stimuler la participation et à renforcer l’appui du public à l’égard de cette approche novatrice.